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Vin d’ananas

Les dernières semaines ont été intenses. Travail, travail, travail. J’investis la majorité de mon temps à terminer ma collecte de données. Je termine aujourd’hui, la veille de mon départ! Ce n’était pas mon plan initial, mais faire de la recherche sur le terrain comporte son lot de surprises… Alors plutôt que d’aller faire une randonnée de quelques jours dans le sud-ouest du pays comme j’avais prévu, j’ai plutôt fait des activités pas trop longues et pas trop loin avec les assistants de terrain. Et c’est bien comme ça. Étant ici depuis quelques mois, j’ai davantage envie de vivre des expériences plus ougandaises que touristiques. En voici une.

Le vin d’ananas est une spécialité locale. On n’en parle pas dans mon guide touristique mais les Ougandais en consomment beaucoup (du moins dans la région où je me trouve). C’est beaucoup moins cher que d’acheter des bières ou du waraji (un gin à base de millet). Et le meilleur vin d’ananas de la région est préparé par une vieille dame de Luvule. Je suis allée la visiter avec Hillary et les gars.

Cette vieille dame, Naliciba, ne s’est jamais mariée et n’a pas d’enfants. Puisqu’elle prépare si bien le vin d’ananas et qu’elle est accueillante, elle s’est créée un autre genre de famille. Il y a toujours plein de gens (majoritairement des hommes) qui viennent prendre un verre (ou plusieurs) chez elle. Et ces hommes l’ont en quelque sorte prise en charge. Elle ne manque de rien. À l’occasion, l’un réparera un banc brisé, un autre entretiendra son terrain, d’autres lui apporteront une pièce de viande ou d’autres provisions. Quand on l’a visitée, on a acheté des côtes de porc qu’on a fait cuire sur feu de bois. C’était délicieux. Et le vin l’était aussi.

Équipe poissons! Mutebe, Sseguya, ma face rouge (coup de soleil ou trop de vin, on sait pas trop) et Kiberu

Équipe poissons! Mutebe, Sseguya, ma face rouge (coup de soleil ou trop de vin, on sait pas trop) et Kiberu

On a passé au moins 5 heures là-bas à pratiquer notre Luganda, jaser, rire, boire et manger. J’ai aussi fait pleurer un petit garçon, bien malgré moi… J’étais la première blanche qu’il voyait de sa vie. (Ça change de mes expériences précédentes avec les enfants ici! Je comparerais ça un peu au Père Noël ou à des clowns : la première rencontre fait peur, ensuite on est intrigué par leur différence, et ensuite on les aime bien.)

Avant de quitter, la vieille dame nous a offert un ananas pour nous remercier. C’est un très beau cadeau considérant qu’un ananas coûte aussi cher qu’un litre de son vin.

5 litres de vin d’ananas : 5000 shillings ougandais (environ 2$)
1 ananas acheté à Luvule par un Ougandais : 1000 shillings
1 ananas acheté à Masaka par une blanche et une asiatique : 2000 shillings

On s’est fait avoir.
J’ai beau vouloir vivre en Ougandaise, je ne peux pas changer la couleur de ma peau. Muzungu jusqu’au bout!

Observer les singes

Je ne crois pas que j’aimerais faire des études comportementales sur les primates, mais c’est quand même le fun des fois de s’arrêter 5 minutes dans ma journée pour observer les vervets… et les photographier. Ils sont vraiment cutes. Quasiment plus que mes perches.

"Bouge pas, t'as une bébitte dans le toupet. M'a te l'enlever."

« Bouge pas, t’as une bébitte dans le toupet. M’a te l’enlever. »

 

Un portrait de famille flou mais attendrissant

Un portrait de famille flou mais attendrissant

Masaka

Depuis un peu plus d’une semaine, on n’est que deux ici. Hilary et moi avons intelligemment épuisé la nourriture disponible, en cuisinant en priorité avec les légumes qui devenaient un peu trop mous, et en étant créatives dans nos recettes (j’aimerais être aussi efficace à gérer mon frigo à Montréal). Mais il a fallu se rendre à l’évidence : on ne pouvait plus repousser notre visite en ville pour faire les courses. Ce qu’on a fait vendredi.

On peut acheter quelques trucs dans les magasins du village, mais pour trouver tout ce dont on a besoin, il faut aller à Masaka, une ville à environ 30 minutes d’ici en voiture. Dennis, qui gère la station de recherche, dit toujours que tous les criminels d’Ouganda viennent de Masaka. Mais c’est pas pour ça qu’on repoussait le moment d’y aller. C’est que c’est un peu d’organisation. Premièrement, il faut engager un chauffeur pour s’y rendre en voiture. Ce serait beaucoup moins cher d’y aller en boda-boda, mais puisqu’on a beaucoup de choses à acheter, on a besoin d’espace pour ramener nos courses. Deuxièmement, il faut trouver le bon moment pour y aller. Puisque je n’ai qu’un été pour collecter toutes mes données, je n’ai pas beaucoup de temps libre, même chose pour Hilary. Et finalement, puisqu’on attend toujours au dernier moment pour aller faire les courses, on a beaucoup d’endroits à visiter, donc c’est un peu long. Mais quand même, ça fait du bien d’aller en ville parfois pour se sentir un peu plus dépaysé qu’à la station de recherche.

On engage soit Abdou, soit Patrick pour nous conduire à Masaka. Cette fois-ci, c’était Patrick. Ce qui est le fun avec lui, c’est qu’il anticipe les coins les plus poussiéreux et gère en conséquence l’ouverture et la fermeture de toutes les fenêtres, tout en conduisant relativement prudemment sur la route raboteuse et sinueuse, entre boda-bodas, vélos et voitures. En plus, il fait jouer de la vieille musique pop un peu quétaine. Michael Jackson, Phil Collins, Rihanna et Enrique Iglesias ont bercé nos oreilles pendant qu’on regardait les chèvres et les vaches brouter sur le bord de la route. En passant, je ne sais pas ce qui se passe avec la toune « Hero » de Enrique Iglesias, mais en plus de l’avoir entendue dans l’auto vendredi, elle a joué aussi samedi soir à un party juste à côté d’ici. Je l’ai dans la tête constamment depuis…

On a réussi à être pas mal efficaces à faire nos courses. On est allées à la banque, à la pharmacie, au supermarché, à un magasin de cellulaire pour s’acheter du temps d’antenne prépayé, à la boulangerie et au marché frais. On a aussi fait un peu de lèche vitrine dans des boutiques d’artisanat. Et on a acheté de l’essence pour la génératrice.

 

30 000 shillings (12$) pour tout ça!

30 000 shillings (12$) pour tout ça!

Tout ce qui est frais coute vraiment pas cher… regardez tout ce qu’on a acheté pour 12$! La boulangerie non plus, mais les items de supermarchés sont parfois à des prix comparables à Montréal, comme le papier de toilette, le beurre d’arachides ou le café. Ce qui me surprend le plus, c’est le prix de l’essence : environ 1,50$/litre. C’est pas donné!

Après avoir terminé les courses, on a attendu Patrick à la boulangerie en mangeant des samosas. Moi j’ai bu un Krest bitter lemon (à mon avis la meilleure boisson gazeuse qui soit), et Hilary a bu un Stoney (un genre de coke au gingembre). Puis on est rentrées chez nous, en écoutant encore même CD de tounes quétaines. Et on espère ne pas avoir à retourner en ville pour un bon 10 jours.

La routine, c’est bien quand c’est pas toujours la routine

Depuis quelques temps, les journées se ressemblent. Je commence par faire le tour des aquariums pour vérifier l’état de mes poissons, je mesure la température, la saturation en oxygène, je fais un changement d’eau, je fais mes expérimentations toute la journée, puis je nourris les poissons le soir. Et un jour sur deux, je vais capturer des perches autour de 6h le matin avec les assistants de terrain. Et à part le travail, je cuisine, je mange, je me lave, je fais un peu de ménage, parfois je vais courir, et je lis avant de dormir. La routine est bien installée. Et c’est correct, mon projet avance bien, et j’aime mon petit train de vie tranquille. Mais durant la dernière semaine, la routine a un peu pris le bord. Premièrement, mes deux colocs de cabine sont parties jeudi, donc on a fait une fête avec les assistants de terrain mercredi soir, et vendredi, j’ai visité des villages de pêcheurs près du lac Victoria avec Beth (une amie et collègue de labo). Ça me donne un peu de jus pour écrire!

Cinthia et Kathleen ont passé deux mois et demie en Ouganda. Elles sont arrivées à Nabugabo 2 semaines avant moi et avant, elles avaient passé quelques temps à Kibale (plus à l’ouest). Durant leur séjour ici, elles ont observé le comportement d’un groupe de singes de la région. On s’est dit qu’avant leur départ, ce serait bien de faire une fête avec tous les assistants de terrain, pour laquelle on cuisinerait des perches, du tilapia et des patates douces sur un feu. C’était le plan initial. Beth est arrivée la veille de la fête et nous dit qu’une famille du village lui a offert un canard. C’est la deuxième fois que ça lui arrive. Lorsqu’elle les visite, elle prend des photos de la famille et lorsqu’elle revient, elle leur donne les photos imprimées. La famille lui donne donc un canard. Tout simplement. Alors on a ajouté le canard au festin! Kiberu, un assistant de terrain travaillant avec moi, était en charge de la cuisson des viandes. Les rôles ont été inversés : on était ses assistants-cuisiniers. On a mariné les poissons avec une tonne de citrons, de l’oignon, du cari, du sel, puis il les a fait cuire très lentement sur une grille au-dessus du feu. Les patates, elles, étaient la charge des assistants de terrain travaillant sur les singes. Ils les ont cuit comme des patates au four, mais façon traditionnelle. Les patates ont été lavées, brossées, rincées, puis enfouies dans la cendre du feu pour cuire. Pour les manger ensuite, on enlevait le plus gros de la cendre et on pelait la pelure. Et avec tout ça, on a bu du vin d’ananas et des bières locales. C’était vraiment, vraiment délicieux. Ça change du riz, des lentilles et des haricots mettons…

Vendredi, Beth et moi sommes parties avec Kiberu et Mutebe en boda-boda (scooter) vers le lac Victoria pour visiter des villages de pêcheurs. On avait tout un look! Pas vraiment le choix de porter des vêtements longs sur la route à cause de la poussière et du vent… Les gars portaient tous les deux leurs manteaux et pantalons de pluie MEC, leurs lunettes de soleil (que Mutebe appelle ses « eye protectors ») et leur casquette rouge McGill. Beth et moi portions pantalons et chandail long, bien sûr, et des grosses lunettes de soleil et un foulard enroulé autour de la tête pour se protéger du vent, de la poussière et du soleil. J’appelais ça notre look Thelma et Louise.

Beth et moi à Lumbu, prêtes à reprendre la route!

Beth et moi à Lumbu, prêtes à reprendre la route!

En boda-boda avec Mutebe

En boda-boda avec Mutebe

Donc on a pris la route avec pas de casque vers Bukakata, puis vers Lumbu. À Bukakata, on a marché dans un petit village de pêcheurs sur le bord du lac Victoria. C’est minuscule, mais tellement dense! Plusieurs bateaux étaient à sec, certains étaient ancrés pas très loin, et les filets séchaient sur la berge. Il était environ midi, donc un peu tard pour voir les prises du matin. La plupart des pêcheurs là-bas pêchent le mukene la nuit (c’est un petit méné présent dans le lac Victoria, et aussi à Nabugabo où je suis). Les maisons sont en tôle, minuscules et collées les unes sur les autres. Dans les rues étroites, il y a aussi quelques commerces, tout aussi minuscules. Il n’y a à peu près pas de végétation. C’est tellement différent du village près du lac Nabugabo! À Bukakata, les gens vivent de la pêche uniquement. À Nabugabo, les pêcheurs cultivent aussi leurs légumes, fruits, parfois certaines céréales, et plusieurs élèvent aussi quelques poules et cochons. Les maisons ici sont pour la plupart en brique, très espacées les unes des autres, et il y a beaucoup de forêt. C’est complètement différent.

Après notre petite marche dans le village, on a repris la route pour aller à Lumbu. En s’y rendant, Mutebe m’a expliqué que jusqu’aux années 60, le lac Victoria s’étendait jusque sur la route sur laquelle on était en train de rouler. Et on a croisé un petit pâté de maisons qui n’était pas là il y a 5 ans! La région est encore assez humide, et durant la saison des pluies plusieurs parties sont inondées, mais les gens peuvent y vivre maintenant, puisque le lac a reculé un peu. Lumbu est un peu plus développé. Plus de rues, plus de maisons, plus de commerces, et aussi un lieu de collecte/vente de poissons pour l’expédition. Pendant qu’on faisait le tour du village, les gens nous saluaient. Ils sont très accueillants avec les étrangers : « Hey muzungu! How are you? » Et des enfants ont commencé à nous suivre. Ils étaient quelques uns au début, puis une dizaine autour de nous, et un petit garçon m’a tenu la main un moment. Certains nous ont suivi jusqu’à ce qu’on s’assoit pour manger, et ils sont restés un moment sur le porche à nous regarder. C’est si bizarre d’être le centre de l’attention. En même temps, je pense que je trouverai déstabilisant de me fondre dans la foule à mon retour à Montréal.

C’était une très belle journée. Et après ces quelques jours de divertissement, me voilà de retour au travail. Au doux son de la génératrice en plus.

Quand on se compare…

Comme je l’ai déjà dit, l’accès Internet ici est de piètre qualité. Et intermittent. Pour utiliser Internet, j’ai une clé USB qui contient une carte SIM. Je dois mettre cette carte dans mon téléphone pour acheter un forfait via ma compagnie cellulaire. C’est pas trop cher, mais ça vaut pas trop cher. Et selon la région où on se trouve, certaines compagnies sont meilleures que d’autres. J’ai la chance de profiter de l’expérience des gens qui étaient ici avant moi, donc je fais affaire avec la meilleure compagnie pour Nabugabo. Je peux avoir un accès potable à plusieurs endroits sur la station, incluant ma cabine, même si c’est super lent. Je m’en sors pas trop mal.

 

Pour Cinthia et Kathleen, c’est une autre histoire…

Cinthia et Kathleen ont trouvé un "hot spot" pour Internet. Ça a marché 5 minutes!

Cinthia et Kathleen ont trouvé un « hot spot » pour Internet. Ça a marché 5 minutes!

Histoire de serpent

Depuis que nous sommes arrivés à Nabugabo, Lauren (ma superviseure) nous dit d’être prudents, et de porter des bottes de caoutchouc. « It’s a snaky area here, guys, be careful ». Je disais oui oui, et je porte les bottes… parfois… et je regarde où je marche, surtout le soir. Mais je n’avais toujours pas vu de serpent… jusqu’à avant hier.

 

C’est Tyler qui l’a vu en premier. Un serpent essayait d’entrer dans une des cabines. Il était près d’une fenêtre. Une des filles de l’équipe étudiant les singes a enfilé ses bottes et pris son appareil photo, et s’est dirigée vers la cabine. J’ai trouvé que c’était très « muzungu » (touriste/étranger) de faire ça. Je n’ai pas voulu y aller, parce que bien que je veuille voir un serpent, je ne vais pas me mettre en danger pour en photographier un. Donc j’ai attendu un peu, puis Tyler est revenu après avoir appelé des gens du village qui s’occupent de les chasser – ou de les tuer – dans ces occasions. Il a dit que c’était possiblement un black mamba. Oubliant la peur, le bon sens et ne pensant qu’au film Kill Bill, j’ai aussi mis mes bottes et pris mon iPhone et je me suis dirigée vers la cabine… chu pas mieux que personne.

 

C’est à ce moment qu’est arrivée la brigade anti-serpent. C’est pas vraiment une brigade, mais ça en avait l’air! 5-6 personnes sont arrivées avec de longs bâtons, et une bouteille de paraffine. Nous, on est restés à l’écart. Le serpent n’était pas visible, il était caché derrière une glacière. Les gens ont entouré la glacière, l’ont déplacée et ont donné des coups de bâton, pis ont versé la paraffine dessus. Le serpent est mort. Ils l’ont emmené sur le gazon devant la cabine. On s’est rapprochés pour le regarder. Il faisait 1.5m, mais n’était pas si gras. Tout de même, c’était un serpent dangereux. Mais pas un black mamba. Une sorte de cobra arboricole.

 

Voici la bête, que j'ai photographiée en toute sécurité, après sa mort.

Voici la bête, que j’ai photographiée en toute sécurité, après sa mort.

Alors maintenant, je porte mes bottes pas mal plus souvent. Je regarde attentivement les bouts de bâton qui jonchent le sol. Je suis à l’affut!

À cause du vent et des bombes

25 juin

 

Depuis quelques jours, il vente en tabar… C’est pas une mauvaise chose : la lessive sèche plus vite, il ne fait pas trop chaud. Mais pour s’aventurer sur le lac, c’est une autre histoire. Disons qu’il y a une fenêtre, entre 6h30 et 9h30, durant laquelle c’est moins pire. Et de toute manière, pour pêcher les perches du Nil, les meilleurs moments sont au lever et au coucher du soleil.

 

Donc c’est tôt le matin que je quitte normalement la station de recherche pour aller chercher les poissons dont j’ai besoin. Je pars avec les assistants de recherche (des gens du village travaillant pour ma directrice de recherche depuis une vingtaine d’années), et parfois aussi mes collègues, si ça leur adonne. On attrape les poissons en utilisant une seine. C’est un immense filet qu’on déploie en demi-cercle, et qu’on ramène ensemble sur la berge. Tout ce qui se trouve dans le volume d’eau qu’a couvert la seine devrait être ramassé (si on a bien fait notre job). C’est une technique de pêche qui permet d’attraper les poissons bien vivants, sans les blesser. Par contre c’est une technique de pêche interdite aux pêcheurs, car justement : ça ramasse tout! D’ailleurs, on doit à l’occasion expliquer aux pêcheurs qu’on croise que nous sommes une équipe de recherche ayant une autorisation, ce qui nous permet d’utiliser la seine pour notre échantillonnage, et que nous ne gardons que quelques perches à la fois, on relâche tout le reste.

 

Une autre raison qui nous pousse à aller sur le lac aussi tôt, c’est que l’armée fait des exercices dans les marais qui entourent une partie du lac plusieurs jours par semaine. On doit avoir quitté cette portion du lac vers 10h le matin durant la semaine. On n’entend pas les exercices tous les jours, mais parfois, des avions survolent la station de recherche et le lac, puis on entend des explosions, ou des coups de feu ou je ne sais quoi au loin. C’est vraiment bizarre. Et un peu désagréable. Mais en même temps, le fait que l’armée utilise cette région pour ses entrainements a préservé les milieux humides autour du lac.

 

C’est une journée sans électricité aujourd’hui. Je fonctionne au ralenti.  Je profite du soleil, et de la brise, et de la vue sur le lac. Je travaillerai plus demain, c’est tout. Y a pire dans la vie.

Bloguer… en différé

J’ai écrit ce texte hier après-midi, sans avoir pu le mettre en ligne à cause de la piètre qualité de l’accès Internet ici…

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Le 20 juin 2014

Lake Nabugabo Research Station

 

Je suis assise sur une chaise bleue en plastique devant le lac Nabugabo. Le vent est assez fort, l’eau n’est pas très calme. Mais il fait beau soleil. Je garde un œil sur mon téléphone pour savoir à quel moment je dois retourner au respiromètre pour vérifier si le petit poisson qui s’y trouve est encore bien vivant, et je reste à l’écoute du bruit des pompes du même respiromètre pour m’assurer qu’on n’est pas en panne d’électricité. Tout roule pour l’instant, j’ai quelques minutes pour écrire.

 

On est arrivés à Nabugabo le 13 juin. J’adore cet endroit. Les levers du soleil sur le lac sont magnifiques, on est entourés de singes et de geckos, il fait beau et chaud, mais pas trop chaud, et c’est vraiment paisible. On ne manque de rien d’essentiel. Un accès Internet de qualité, un réseau cellulaire fonctionnant partout, de l’électricité en tout temps et l’eau courante… on n’a rien de ça, par contre! Et ça m’angoissait avant de partir, mais une fois ici, on se passe bien du téléphone et de l’ordinateur. Toutefois, j’aimerais bien qu’on ne manque pas de courant les jours où j’ai prévu faire de la respirométrie. Pour les loisirs, on se passe bien de technologie, mais pour le travail, c’est plus tough. Surtout avec un projet comme le mien.

 

Justement, mon projet…

Pour ceux qui ne le sauraient pas, le but de mon projet est d’évaluer la tolérance des perches du Nil au stress thermique. Je veux savoir si leur tolérance varie en fonction de la taille des poissons, et en fonction de leur habitat. Pour ce faire, j’évalue leur consommation d’oxygène dans un respiromètre, et à différentes températures.

 

En gros, je place le poisson dans une chambre à l’intérieur d’un bassin d’eau. La chambre est reliée à des pompes permettant une circulation d’eau en circuit fermé (chambre seulement) ou ouverte sur le bassin. Je peux mesurer la quantité d’oxygène et la température de l’eau qui se trouve à l’intérieur du bassin, et avec ces données, je mesure le taux métabolique du poisson. Je prévois que le taux métabolique des poissons augmentera avec la température et la taille des poissons, et qu’il y aura des différences entre les poissons de deux habitats du lac que j’ai ciblés à l’avance. Plus le taux métabolique est élevé, plus le poisson doit dépenser de l’énergie pour se maintenir en vie. Pour plus de détails, veuillez attendre mon retour à Montréal…

 

 

Les gens sont vraiment gentils ici. Les Ougandais sont extrêmement polis. D’ailleurs, il est mal vu de poser une question à quelqu’un ici sans lui avoir dit bonjour et demandé comment ça va. Mais ça, personne ici ne vous le dira, ils sont bien trop polis pour ça! Aussi, les gens parlent tout bas, et très lentement. C’est déstabilisant au départ, mais au final, c’est très apaisant.

 

Les enfants, particulièrement, sont vraiment attachants. Ils aiment saluer les « muzungus » (étrangers). D’ailleurs, en allant faire mon jogging l’autre jour, j’ai passé beaucoup de temps à envoyer la main à des enfants qui me disaient « Bye muzungu! ». Et à un moment, un jeune garçon s’est mis à courir derrière moi et quand il est arrivé à ma hauteur, on s’est tapé dans la main. Et il est reparti. Ensuite, d’autres enfants se sont mis à courir avec moi. À un moment, j’en avais 5 autour de moi qui couraient et riaient. C’était vraiment drôle.

 

Je m’adapte bien à mon nouveau train de vie. Lever assez tôt, autour de 6h30, et coucher autour de 21h30-22h. Puisqu’on est près de l’équateur, le soleil se lève autour de 7h et se couche autour de 19h. Et j’ai dit que les levers du soleil sont magnifiques? On s’assoit près du lac pour manger notre déjeuner et boire notre café tout en appréciant la vue. Y a pire! Pour le souper, c’est à chacun son tour de cuisiner. On mange très bien, malgré le peu de moyens qu’on a pour cuire la nourriture (deux ronds au gaz). Outre un repas où on s’est régalés de tilapia, on n’a pas mangé de viande depuis notre arrivée ici. Et ça ne me manque pas… pour l’instant!

 

Ça fait seulement une semaine que je suis arrivée. Tout est encore bien rose pour l’instant. On verra ce que je dirai de cet endroit la veille de mon départ, le 22 août. Mon petit doigt me dit que le portrait sera encore assez positif. À suivre!

 

Le tourisme, ça commence dans l’avion

La première portion touristique du voyage aura eu lieu depuis les airs.

D’abord à bord d’Audrey Hepburn, puis ensuite de cet avion au nom imprononçable.

En quittant Montréal, j’ai suivi le fleuve un moment, puis on n’a bientôt vu que des nuages. Quelques heures plus tard, après deux heures de sommeil peu réparatrices, j’aperçois la côte hollandaise, quelques bateaux sont amarrés au large.

Depuis Amsterdam, direction sud.

Premier paysage spectaculaire : les Alpes! C’est assez incroyable de voir des airs que certains villages soient nichés si hauts.

Après l’Italie, la mer méditerranée, le nord de l’Afrique, l’avion survole le désert du Sahara. On dirait un paysage lunaire.

Sand takes over the landscape

Sand takes over the landscape

Et il y a finalement tellement de sable qu’on dirait un gros nuage beige sous l’avion.

Sahara_01

Sand everywhere

Je ne sais pas si j’irai un jour, le désert ne m’appelle pas (Y a pas de poissons là-bas). N’empêche, c’est vraiment beaucoup de sable, tout ça.